12- 14 octobre
vers Naharros (Espagne) – Fuencemillan – Algete – Torrejon de Ardoz (Espagne)
134 km
Quelle nuit d’enfer ! Alors que le vent s’était calmé durant la soirée, juste avant minuit il s’est levé et a failli emporter la tente. Branle-bas de combat alors que j’affronte une véritable tempête. L’eau s’infiltre sous la tente, j’éponge comme je peux. Je cherche des sardines supplémentaires pour mieux haubaner la tente, ça m’a bien pris 15 minutes cette affaire. J’ai ensuite profité d’une courte accalmie pour faire en sorte que la tente ne bouge pas d’un poil.
Quand je me remets dans le duvet, je suis plus tranquille, cependant le vent souffle tellement fort que je n’arrive pas à fermer l’œil de la nuit. Ah ça oui, je vais m’en souvenir de cette nuit ! Le matin je suis complètement naze, j’essaie tant bien que mal de dormir, en espérant que le vent tombe un peu mais il faut que je me fasse une raison, c’est pour la journée. Du coup je ne décolle qu’en milieu d’après-midi.
Qui dit rivière, dit arbres, donc de belles couleurs en ce moment.
Et bien sûr je lutte pour avancer, d’autant que comme hier, ça monte légèrement mais longtemps. Cependant, les paysages que je rencontre tout au long de cette courte après-midi me gonflent le moral. Oui si on m’avait dit que ce serait aussi diversifié, j’aurais dit ‘cours toujours’ !Je m’attendais à ne voir que des champs, finalement, je vois plus une nature plus ou moins intacte.
Au bout de 2h30 de pédalage, c’est déjà le moment d’arrêter (!), le soir commence à tomber. Je trouve sans souci un endroit mais à peine ai-je eu le temps de poser le vélo qu’une averse à la mauvaise idée de passer par là. Pas possible ! Là encore je profite d’une accalmie pour tout faire avant qu’une autre averse ne vienne. Ça fait 4 jours que j’ai un temps pourri, jusqu’à quand ce cirque va-t-il durer ?
Solitaire, comme moi ces derniers jours ...
Pas besoin d’écrire à quoi à ressembler la matinée, vous connaissez déjà l’histoire ! Donc comme d’habitude ces deniers jours, je décolle en tout début d’après-midi. Je me disais que j’allais perdre petit à petit de l’altitude mais en fait pas du tout. Je reste toujours aux alentours de 900 mètres avec des belles descentes et montées, jusqu’à me retrouver à la sœur jumelle de la Beauce, c’est-à-dire du plat, du bon vent de face et rien d’autre à l’horizon que des champs immenses. Sans oublier bien sûr des belles averses. Là sur le coup je me suis demandé ce que je faisais sur le vélo et des idées bien saugrenues me sont passées par la tête.
Solitaire, comme moi ces derniers jours ...
C’est aujourd’hui que je me décidais si je continuais vers la montagne ou si je me dirigeais vers Madrid. Pour m’aider, le ciel, on plutôt les gros nuages noirs. Bon c’est parti pour Madrid !
Solitaire, comme moi ces derniers jours ...
A l’approche de la capitale, le trafic augmente sensiblement, même sur les petites routes. Au moins cela me distrait un peu. Je suis parti trop tard aujourd’hui pour entrer dans la métropole, je m’arrête donc à une vingtaine de kilomètres dans un de ces villages, qui au fil des ans, est devenu une ville dortoir banale et moche. Je n’ai d’autre choix que planter la tente dans un champ. Par chance, j’en trouve un où la paille me servira de bon matelas et m’évitera aussi de patauger dans la boue en cas de pluie et puis surtout une haie d’arbustes qui me protègent du vent.
Ca sent les affaires là-bas au bout.
Vous savez quoi ? Il a plu, extraordinaire non ? Exactement de 22h à 12h30, sans discontinuer. J’ai maintenant l’habitude de rester la matinée entière dans la tente. Aujourd’hui l’occupation était les cartes, faire mon itinéraire pour les prochaines semaines.
Enfin une bonne nouvelle dans cette semaine humide, ce soir j’ai un toit et pas chez n’importe qui. C’est Constantin qui m’attend. Nous nous étions rencontrés au mois de mars dans la montagne de Cuenca par une nuit froide dans un refuge. Il voyageait avec son ami Mircea (ils sont tous les 2 Roumains) et nous avions bien sympathisés le temps d’une belle soirée. Et puis environ un mois plus tard, voilà que je retombe sur eux en allant dans un supermarché dans le sud du Portugal ! Il fallait donc bien que je leur rendre visite à Madrid
Ca sèche.
En attendant, j’ai profité d’un franc soleil pour tout faire sécher avant que les nuages ne reviennent. Les 20 kilomètres jusqu’à Torrejon restent anecdotiques, par contre il y avait assez peu de circulation, je m’attendais à pire. Cela se sent que Madrid est une grande ville, les autoroutes sont partout, les départementales sont à 2*2 voies et les villes grossissent. Je ressens déjà le stress de la capitale. Et encore plus en attendant Consantin devant la gare où je vois les banlieusards, pressés de prendre le train ou de rentrer chez eux. Cela me rappelle ma vie francilienne, une vie de fou où le temps file entre les doigts. Pour être franc, je ne les envie pas du tout. Je sors d’une semaine très difficile mais au bout, j’ai un accueil qui me regonfle aussitôt le moral. Ça change de l’accueil espagnol ! Peut-être que je ne verrai pas grand-chose de Madrid mais cela m’importe peu, la compagnie de Constantin suffit à mon bonheur !
Vous reconnaissez ?
Une place de gare qui pourrait se trouver en banlieue parisienne, déprimant.
Sacre Constantin !!
Madrid la nuit.